séjour septembre 2008 NICOLO
SEPTEMBRE 2008-11-22
rapport de visite de Nicolo
Tout a commencé par une histoire de bateau… Je flânais tout du long de la braderie
du Port quand mon regard s'attarda sur un échantillonnage d'accastillage de voilier,
échoué au milieu de tonnes de fringues !
L'œil averti me fit chercher de suite la charmante et dynamique vendeuse... Pour ne pas
la nommer Michelle !
Et c’est ainsi qu’aujourd’hui, de manilles en poulies, me voici embarquée à bord de cet
extraordinaire voyage...
En effet, je suis partie, sac au dos à Madagascar, plus exactement au nord-ouest de l'île
de Sainte-Marie, découvrir son orphelinat de brousse d’Agnivorano. Je dis bien Son orphelinat
car c’est bien elle lafondatrice de cette œuvre :
Tout n’existerait pas sans la volonté tenace de Michelle qui, telle une fourmi consciencieuse et
convaincue de l'issue, s'acharne journellement à la recherche de « bonnes affaires » et
gère avec futilité les différents dons récoltés et recettes des diverses braderies où,
elle et très souvent Evelyne, écoulent une petite partie des colis recueillis chez les personnes
qui nous appellent si gentiment pour nous offrirce qu'elles peuvent.
Auparavant, nombreuses journées sont occupées à récolter à demeure, trier et séparer
ce qui peut partir pour Madagascar, puis bien empaqueter en de solides cartons ce qui
sera acheminé par bateau. On se transforme parfois en spécialiste des déchetteries pour
trouver les cartons ou plastiques qui achemineront tout ce déballas...
Un gentil Monsieur, Jacques, nous prête gracieusement la moitié de son garage au Port
pour entreposer nos trouvailles et il faut dire qu'il a beaucoup de patience car nous
débordons un peu trop nos limites de stockage...
Il y a aussi la vente d'artisanat produit directement par les familles malgaches
sur l'île de Sainte-Marie, l'équipe du marché de St-Leu y veille et est à l'affût de nouvelles
marchandises qui pourraient bien se vendre.
Je pars d'ailleurs avec diverses commandes...
Je vais donc faire connaissance avec les personnes qui s'occupent sur place de toute
cette marmaille et essayer d'y apporter moi aussi mon petit grain de soutien au sein de
cette grande famille.
De par ma formation, je pourrai aussi un peu m'occuper des petits bobos ou soulager
les petits maux avec les moyens du bord...
Merci de me faire confiance.
Merci à ma petite famille de me laisser partir là-bas, de bien vouloir-me « prêter »
comme dit si bien mon dernier !
(Mais bon, le congélo est rempli de bons petits plats que j'ai eu le temps de faire...
et la maison est prête pour tourner 15 jours sans grand manque....)
Merci aussi aux équipages de Manohal et Penn ar Bed qui sans hésiter ont bien voulu
nous prendre et charger prestement avec sourire nos quelques 250 cartons et autres colis...
La coïncidence de ces embarquements tombait vraiment à pic ! Ainsi, je pourrai être à
leur arrivée au Port d' Ambodifotatra mercredi ou jeudi.
Chargement des deux bateaux de pêche au Port de l’île de la Réunion
Là-bas tout le monde était prévenu ; la responsable du centre s'occupe de trouver les véhicules et gros
bras nécessaires pour acheminer la cargaison à bonne destination finale...
Pour moi, les bagages sont faits, je m’envole destination Ste-Marie via Tamatave.
Soamina m'accueille avec son bébé et un de ses jeunes frères en m’annonçant que le Manohal est
déjà à quai , aussi se met-on tout de suite au boulot ! Rigobert et Jean-Paul m’accueillent
aussi avec enthousiasme, les bras remplis de cartons et je rentre illico dans la chaîne humaine
qui déverse et transvase les colis du bateau au camion.
destination à l'orphelinatde brousse. Je n'ai pu voir grand chose du décor car la nuit
nous masquait le parcours sinueux que je devinais aux bruits du moteur...
Tout au long du trajet je m'inquiétais à l'idée de perdre un des passagers gruchés sur
la bâche, au-dessus des cartons, et j'imaginais une chute à chaque virage...
mais ça rigolait drôlement là-haut tout en jouant les équilibristes
Toute l’équipe m'a accueillie avec chaleur et un bon repas m'attendait sur la braise.
Je suis servie comme une reine, ils m'ont même fait des frites dans une poêle !
On me regarde manger, ça me gêne...
je leur donne le courrier de Michelle, ils sont contents des nouvelles fraîches de leur Marraine !
Ensuite l'on me montre ma petite case prêtée pour ces 15 jours : un joli bouquet de fleurs
sauvages m’attend près de la chandelle dont le parfum d'une jolie orchidée blanche
domine même la spirale anti-moustique allumée à mon intention.
Je dormais profondément et le gardien de nuit a du toquer plusieurs fois pour se
sortir de ma léthargie.
En effet, il devait me réveiller de bonne heure (convenue vers les 5h du matin) pour repartir
au port réceptionner le chargement du deuxième bateau prévu à 8h. Seulement…, ici on
se fie à la lune, aussi me réveille t’on à.... 3H30 !
Il me fera le coup plusieurs fois.. Promis au prochain voyage, je lui offre une montre !
Il pleut mais nous prenons quand même la route glissante dans le noir, à pied en
espérant bien entendre sous peu le moteur vrombissant d'un taxi-brousse qui
pourrait nous emmener... Mais non, nous ferons quelques 7 kms sous la pluie
avant de trouver notre bonheur
A l’orphelinat, l’équipe est rodée : Dés réception des colis et après la pluie,
le linge est déballé, trié, séché au soleil.
Ce qui peut servir aux enfants est rangé dans leur dortoir et le reste est proposé
aux locaux, moyennant quelque argent ou échanges, (tout en gardant une partie
gratuite pour les plus démunis). Cela fera une entrée non négligeable
pour alimenter la caisse de l’orphelinat, et acheter en priorité vivres
et matériel nécessaire aux besoins journaliers de toute cette grande famille !
On m'avait prévenue de ce qui m'attendait là-bas : une bonne dose d'émotions quotidiennes
avec la petite trentaine de gamins orphelins de trois à quatorze ans réunis sous ce même toit...
Gaieté, partage, humour, curiosité, câlins, entraide, participation, respect, patience….
Bref, le bonheur ! …
fabrication d’une toise pour mesurer les enfants Là, ils attendent patiemment que
je les emmène à la baignade après ma permanence de soins infirmiers
bain de pied avant pansement d’orteil
A l’origine seulement un seul gamin à tremper avant le soin ! je l’avais installé avec
une revue et quand je suis revenue 5mn plus tard ça avait fait des émules,
quatre autres paires de petits pieds se partageaient ma bassine !…
Ils aiment qu’ on s’occupe d’eux !
Un peu de jardinage et cueillette de
citronnelle pour la tisane du soir.
Le potager commence seulement à fournir ses légumes. Tout avait été décimé avec le cyclone
de janvier Et il a fallu tout recommencer à zéro.
file indienne après lavage des mains pour se
rendre docilement à la cantine
Fabrication de cannes en bambou pour pêche miraculeuse. Petite piscine amenée dans les colis !
Course de petites voitures, don aussi d’un enfant réunionnais avant mon départ.
il y avait aussi les jeux de cartes, les puzzles, et autres jeux de société amenés dans les colis.
Quel régal de les voir si joyeux !
bonne assiette de riz avec … poisson du jour !
Le personnel ne chôme pas, il y a maintes occupations…
nettoyage et tri du riz. Ensuite on pile un peu pour débarrasser de l’ écorce.
Ici, pas d’ électricité, ni eau courante. Il faut couper le bois pour entretenir le foyer, aller
remplir les seaux d’ eau à la fontaine ou à la rivière. (le beau robinet n’est que décor
pour l’instant !)
L’eau à boire, est mise dans les récipients récupérés et traitée avec pastilles de désinfectant (du moins
quand on peut leur en amener.…)
Pour le linge, la lessive est faite à la rivière et séchée sur l’ herbe
Galliéni, le menuisier reconstruit petit à petit les cases décimées par le dernier cyclone.
Mais les matériaux font défaut. La nature ayant été beaucoup abîmée par les intempéries
les végétaux et bois sont rares et donc chers.
Il y a aussi le rangement quotidien et l’ entretien des locaux
Le dortoir des enfant
A trois ou quatre par couche, les fous rire sont garantis !
Seulement on manque encore de matelas de rechange, car certains font encore pipi au lit…
Le réfectoire
Les enfants participent joyeusement aux taches
Comme on ne fonctionne qu’à la bougie, le soir avant la tombée du jour, on prépare de
quoi se brosser les dents après le souper sous l’ œil attentif de Martine .
Chaque soir, la veilleuse de garde installe les moustiquaires et reste pour la nuit avec
les enfants
Il y a aussi un gardien de nuit qui fait des rondes car parfois, il y a des vols ou visites
nocturnes dans le camp….
Au petit matin, Justine leur prépare le petit déjeuner avant de se préparer pour l’école
Soamina distribue les cahiers pour les ainés qui partent à l’école du village.
Les plus jeunes restent au camp où Rigobert, l’instituteur , s’ occupera d’eux avant de reprendre
les plus grands qui n’ ont pas cours l’ après-midi.
Et voilà La famille presque’ au complet pour me dire AU REVOIR et…A BIENTOT…. j’espère !
15 jours en pleine nature, rythmés par le soleil et la lune, baignés par l’ affection de toute
l’ équipe et le sourire des marmailles, enrichis par les échanges humains des gens des villages
avoisinants, bercés par la patience des malgaches (ici le temps n’a pas d’heure !).
Ils m’ ont redonné la valeur de certaines choses, que nous, favorisés, avions parfois tendance
à oublier.
Là-bas, nos petits tracas nous paraissent insignifiants et l’on aurait honte de s’en plaindre
encore à notre retour….
J’ai donné peu en contrepartie de ce qu’ils m’ont offert…
Mais c'est sûr, je reviens avec plein d'entrain pour poursuivre cette aventure humaine
et me joindre aux actions de Michelle et son équipe qui oeuvrent à la Réunion.
Sachez que c'est en donnant qu' on reçoit...
Alors rejoignez-nous !
NICOLO